Quand les vignerons de Cascastel s’engagent pour la biodiversité, ce ne sont pas des paroles en l’air ! Ils ont décidé de protéger le plus gros lézard d’Europe, qui vit dans les vignes des Corbières. Rendons hommage à une initiative comme il n’en existe nulle part ailleurs.
Pourquoi le Lézard Ocellé ?
Autour de Cascastel, cette espèce est très présente. Les vignerons, qui croisent régulièrement ce lézard en train de se faire dorer la pilule au soleil, ont tout de suite été emballés par l’idée de sauvegarder l’espèce. D’autant plus qu’elle figure sur la liste rouge des espèces menacées en France.
Le plus gros lézard d’Europe
Le petit (pas tant que ça) protégé des vignerons de Cascastel se nomme le Lézard Ocellé, car il a sur la peau de petites ocelles bleues qui correspondent à son empreinte digitale. Le mâle est le plus gros lézard d’Europe, et mesure jusqu’à 70cm de long ! Faut-il donc s’inquiéter quand on croise son chemin ? Non, car sous ses dehors de gros reptile patibulaire, se cache une gentille bébête qui n’attaque pas.
Où et quand le rencontrer ?
Le Lézard Ocellé occupe un territoire d’environ 200 mètres autour de son terrier principal. On l’observe très fréquemment sur les pierres ou les chemins. Il est visible à partir de mars, avec un pic d’activité en mai pendant sa période de reproduction.
Une émanation de la démarche REVE
Dans une volonté́ de préserver son vignoble, son environnement et ses paysages, la coopérative « Les Maîtres vignerons de Cascastel » a instauré le cahier des charges REVE (démarche Respectueuse de l’Etre humain, du Vignoble et de l’Environnement). La protection du Lézard Ocellé s’inscrit dans le volet Biodiversité de cette démarche.
Un plan de sauvegarde bien ficelé
Une étude sur le Lézard Ocellé a démarré en 2018 avec l’AHPAM (Association Herpétologique de Provence Alpes Méditerranée), et un protocole scientifique a été mis en place sur 3 communes colonisées par le lézard. Gregory Deso, herpétologue en charge d’accompagner les vignerons de Cascastel, les conduit sur le terrain, leur apprend à déceler la présence du reptile et à l’observer. « En 2018, explique le spécialiste, nous avons mené un premier inventaire des populations présentes dans 3 types de milieux : agriculture bio, agriculture raisonnée et agriculture raisonnée sans désherbant. Au final, le lézard était présent dans chaque type d’agriculture. »
La charte lézard ocellé
Gregory Deso précise que « les viticulteurs ont signé une charte environnementale. Ils s’engagent notamment à limiter les produits phytosanitaires autour des zones habitées par le lézard, préserver et rénover les murets aux abords des parcelles et maintenir les milieux ouverts en entretenant les parcelles arrachées pour éviter l’embroussaillement. » Aussi, chaque vigneron possède un carnet d’observation.
Le projet se poursuit et s’étoffe en 2019
« Nous avons initié l’an dernier une première photo identification de quelques individus, continue Gregory Deso. En 2018, l’étude menée a permis de détecter un total de 22 Lézards Ocellés ! Cette année, nous tenterons de voir s’ils sont toujours présents, et s’ils se sentent bien dans le même endroit. » En 2019, afin d’impliquer les acteurs locaux, M. Deso sera accompagné de son confrère Jean Muratet, de l’association ECODIV, très active dans l’Aude.
Un grand bravo aux Maîtres vignerons de Cascastel pour cette noble initiative, et longue vie aux Lézards Ocellés des Corbières !