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Osons pour réussir et poussons le bouchon plus loin !

Recycler ses bouchons d’un côté, aider la recherche contre le cancer de l’autre… A première vue, ces deux actions n’ont pas grand-chose à voir. Et pourtant, on peut aider la recherche contre le cancer en recyclant tout simplement ses bouchons ! C’est ce que fait l’AOC Corbières depuis 3 ans, avec l’association France-Cancer. Interview croisée de 2 artisans de ce noble projet : Claude Perrault, Vice-président de l’association France Cancer, et Catherine Verneuil, directrice de l’AOC Corbières.

 

Quelle est la mission de l’association France-Cancer ? 

Claude Perrault : L’association a pour but de financer la recherche contre le cancer, grâce à la récupération bénévole des bouchons en liège ou en synthétique. Cette collecte permet de recycler des bouchons qui, sans l’action de l’association, finiraient aux ordures ménagères.

 

Comment s’est faite la rencontre entre l’AOC Corbières et France-Cancer ?

Catherine Verneuil : J’avais entendu parler de recyclage des bouchons, et cherchais à savoir comment faire. Un jour, alors que je dégustais du vin avec une journaliste chez Louis Fabre, le sujet a été abordé. Louis m’a dit qu’il travaillait avec une société qui collectait les bouchons, puis j’ai mené ma petite enquête. Et quand je suis tombée sur France Cancer, j’ai trouvé ça génial. Il n’y a que des bénévoles, ça va vraiment dans le bon sens.

 

Comment transformer des bouchons en euros ?

Claude Perrault : Une fois récupérés, les bouchons sont triés selon leur matière, et vendus à des recycleurs partenaires. Les bouchons de liège valent 330 euros la tonne, les synthétiques 180 euros la tonne. L’argent obtenu après la vente permet à l’association de financer les travaux de chercheurs de l’Inserm Nice et du CNRS de Sophia-Antipolis.

 

Concrètement, quel est le mode de participation de l’AOC Corbières ?

Catherine Verneuil : Les responsables de l’association nous ont informé de la méthode de récolte. Alors j’ai cherché sur internet le lieu où se trouvait le dépositaire le plus proche du siège du syndicat – le palais du vin, à Narbonne. Puis nous avons mis à disposition dans les bureaux du syndicat des comportes à raisins destinées à récupérer tous les bouchons. Quand nous avons deux comportes pleines, environ une fois par an, nous les apportons au palais du vin à Narbonne, pour qu’ils soient envoyés à l’association.

 

Que deviennent les bouchons ?

Claude Perrault : Les bouchons en liège sont broyés pour être transformé en panneaux d’isolation acoustique et thermique pour les bâtiments et maisons, pour les revêtements de sol et de mur, etc. Quant aux bouchons en synthétique, ils sont recyclés dans l’industrie plastique, principalement en fibres textiles.

 

Que représente cette action de recyclage pour l’AOC Corbières ?

Catherine Verneuil : Nous sommes engagés dans la démarche sociétale ISO 26 000 depuis plus de 10 ans. D’une part, les sujets de recyclage me tiennent énormément à cœur. Et d’autre part, forcément, tout le monde est concerné quand on parle de cancer. Chacun souhaiterait aider à lutter contre cette maladie. Sauf que là, il ne s’agit pas d’un don ! Ce geste simple – recycler son bouchon de vin – répond à la question « comment faire mieux en faisant moins ? », particulièrement d’actualité dans notre société.

 

J’ai des bouchons, à qui les remettre ?

Claude Perrault : Pour trouver le point de collecte le plus proche de chez vous, rendez-vous sur notre site Internet. En tant que professionnel, restaurateur, commerçant, etc. vous pouvez également devenir point de collecte. A ce jour, nous recensons plus de 1000 points de collecte en France. Il y a de tout… Beaucoup de gens nous aident avec les moyens du bord, en se procurant des bacs, cartons ou poubelles de fortune sur lesquels ils collent des affiches que nous leur envoyons.

 

Êtes-vous satisfaite de la quantité de bouchons récoltée dans les comportes de l’AOC Corbières ?

Catherine Verneuil : Deux comportes par an, je trouve que ce n’est pas beaucoup ! Il faut faire mieux. D’autant plus que nous vivons au cœur d’une région viticole, et pas des moindres. Rappelons qu’avec 12 millions d’hectolitres, le Languedoc en général est la première région viticole. Alors ce que nous récoltons aujourd’hui, ce n’est pas assez. Quand je vois que des régions non-viticoles apportent à France Cancer davantage de kilos de bouchons que nous, je me pose des questions…

 

Qui sont les individus derrière le nom « France-Cancer » ?

Claude Perrault : Nous sommes 100 membres adhérents. Mais si l’on compte tous les bénévoles qui travaillent sans cotiser, je dirais que nous avoisinons les 500. Un bouchon pesant 3,5 grammes, il en faut, du monde, pour récupérer et trier tout ça !

 

Un dernier petit message sur le recyclage de la part de l’AOC Corbières ?

Catherine Verneuil : J’aimerais que les gens soient plus impliqués dans ce genre d’actions. Je rêve de recevoir des bouchons tous les jours ! Cela me fait mal au ventre quand je vois quelqu’un déboucher une bouteille et mettre le bouchon à la poubelle. Il est de notre devoir de tout faire pour éviter les déchets !

 

LE RECYLAGE DES BOUCHONS PAR FRANCE CANCER EN 2019 :

  • 46 tonnes de bouchons récoltés, triés et transformés
  • 35 000 euros de chèques versés directement aux chercheurs de l’Inserm et du CNRS