Château Villemagne
RENCONTRES VIGNERONNES
Château Villemagne
Sophie, Christophe (son mari) et Roger (son papa) représentent les 5ème et 6ème générations de vignerons du Château Villemagne.
Très attachés à sauvegarder et mettre en lumière leur riche patrimoine familial, ces artisans vignerons reçoivent les clients dans un ancien prieuré de l’abbaye de Lagrasse datant du XIIe siècle.
Ici, « la dégustation est obligatoire »
Quelle est l’histoire du Château Villemagne ?
Roger, le papa : Le bâtiment date de 1106. Il s’agit d’un ancien fort et ancien prieuré de la ville de Lagrasse, qui se trouve dans la famille depuis 1750, date à laquelle ma famille s’est mise à la viticulture. J’ai créé le château Villemagne en 1988 et mes enfants l’ont repris il y a 17 ans, en 2005. Avant 1988, nous vendions le vin aux commerces traditionnels en camion-citerne.
Quelle est l’origine du nom Villemagne ?
Sophie : Villa Magna, « grande demeure » en latin, est ce qui a donné son nom au hameau puis au château. Car nous sommes sur un grand site romain. Nous avons retrouvé dans les vignes un four romain, et divers objets dont des amphores à vin âgées de 2000 ans ! Comme quoi nous ne sommes pas les premiers à faire du vin ici… Il n’est pas rare non plus de voir ressortir du sol des objets préhistoriques qui ont 100 000 ans tels que des couteaux préhistoriques, des pointes de flèches, etc. Tout est exposé dans les vitrines du cellier pour le plaisir des curieux !
Comment envisagez-vous la viticulture ?
Christophe, le mari : Nous sommes tous les trois des artisans vignerons. A ce titre, nous faisons tout nous-mêmes : culture, vinification, mise en bouteille, jusqu’à la vente qui se fait à 95 % sur place au cellier. Nous souhaitons partager notre passion. Aussi nous accueillons différents publics : des touristes dans notre gîte, des camping-caristes, des enfants (avons l’agrément de l’Éducation Nationale pour l’accueil éducatif) et des curieux sur notre sentier de découverte.
Quel est ce sentier de découverte ?
Sophie : « Le Sentier des 6 sens » permet de montrer aux visiteurs dans quel univers nous travaillons. Nous voulons leur démontrer que nous évoluons dans du réel, pas du virtuel. Nous avons créé une vigne de collection de 120 cépages, autour de laquelle poussent de nombreuses essences d’arbres et de plantes, dont les noms sont indiqués par des panneaux éducatifs.
Comment se caractérisent vos vins ?
Roger : J’ai voulu créer des vins différents, pour me démarquer. Surtout des vins de garde au niveau des rouges. Certains datent de 1989. Nous les goûtons tous les ans, à l’occasion de la journée portes ouvertes De Ferme En Ferme – un événement que j’ai fondé avec d’autres agriculteurs il y a 27 ans et qui a lieu chaque année un dimanche de juin. Nous avons même des blancs de garde, très concentrés, issus de vignes plantées dans les cailloux, dont le rendement est de 10 hecto/ha à peine.
Quelle est votre mode de distribution ?
Christophe : Nous vendons presque tout au cellier : nos vins de garde, mais aussi des vins plus faciles à boire, ainsi que toute une gamme destinée à permettre à chaque visiteur de trouver son bonheur : rouge, blanc, rosé, jus de raisin 100% Carignan, Carthagène, apéritif à base de Grenache, produits régionaux…
Roger : Comme ce sont des vins différents, nous refusons de les vendre si les acheteurs ne les ont pas goûtés ! Ici, la dégustation est obligatoire
Quelles sont les originalités de votre gamme Corbières ?
Roger : Le « Sang de Caillou » ! Un blanc que j’ai appelé ainsi car je l’ai planté dans les cailloux, à la barre à mine. Ma fille, à qui le nom ne plaisait pas, l’a rebaptisé l’Inattendu. C’est un Corbières à base de Grenache blanc, Marsanne et Roussanne, élevé 12 à 18 mois en fut de chêne. Un vin blanc de garde à déguster sur des poissons avec une sauce piquante ou des fromages fondus. Je bois encore de temps en temps du Sang de Caillou, car il nous reste quelques bouteilles…
Sophie : Notre rouge haut de gamme, Villa Magna, est élevé 2 ans en cuve, 2 ans en fut et 1 an en bouteille couchée. Il est le fruit d’un assemblage de 50% de vieilles vignes de Carignan plantées en 1903, et le reste de Grenache, Syrah et Cinsault.
Comment prenez-vous soin de l’environnement ?
Christophe : Nous pratiquons une viticulture raisonnée et raisonnable, ne traitons que par nécessité, à 90% des produits bio, vendangeons à la main, et utilisons le moins de SO2 possible. Nous faisons attention à tous les niveaux. Nous proposons le Sentier des 6 sens pour faire découvrir la nature à nos visiteurs, et sommes aussi membres de l’association RACINES, un réseau d’agriculteurs désireux de contribuer à l'éducation à l'environnement, en accueillant et en partageant le sens et la passion de leur métier avec des groupes d'enfants, d'adolescents ou d'adultes.
Et si vous deviez résumer votre métier en quelques mots…
Roger : C’est une remise en cause journalière au niveau de l’accueil des gens et de la qualité des vins. Chaque jour, tout est à recommencer.