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RENCONTRES VIGNERONNES

Ludovic Roux

Interview de Ludovic Roux, président de la cave coopérative de Talairan – Terroirs du Vertige 

Dans la famille de Ludovic Roux, on est vigneron de père en fils depuis l’époque de Napoléon. Il nous parle de sa passion, sa conversion en bio et l’importance du travail en cave.

 

Depuis quand êtes-vous impliqué dans la cave de Talairan ?

Je suis coopérateur depuis que je me suis installé en 2001, et président de la cave depuis 9 ans.

 

Comment êtes-vous devenu vigneron ?

J’ai obtenu un bac professionnel Vigne et Vin à Charlemagne en 2000, fait un stage de 6 mois, enchaîné quelques petits boulots… pour finalement acheter 2 ou 3 vignes en 2001. L’année suivante, j’étais installé officiellement, avec un GAEC que je partageais avec mon père.

 

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

La vigne est une histoire de famille. Des recherches généalogiques nous ont permis de découvrir que nos ancêtres étaient déjà vignerons à l’époque de Napoléon. Mon grand-père était fier de cette ascendance. Que ce soit en cave particulière ou en cave coopérative, nous sommes vignerons de père en fils.

 

Peut-on parler de vocation ?

Comme Obélix, je suis tombé dedans quand j’étais petit…  Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dit à mes parents que je voulais être vigneron. Je n’ai jamais démordu de mon idée, et ne le regrette certainement pas. C’est une passion depuis tout petit. J’ai quelques fonctions syndicales en parallèle, mais quand je m’en vais trop longtemps de mon village, je ressens un vrai manque.

 

Quelle est l’histoire de votre exploitation ?

Quand nous avons créé le GAEC en 2002, mon père avait 22 hectares de vigne. Progressivement, nous avons investi jusqu’à avoir 30 hectares de vignes. Puis à la retraite de mon père, j’ai transformé le GAEC en EARL.  

Dans cette cave, la transparence, l’équité, le dialogue et le respect de chacun ont toujours primé.

Que dire de votre exploitation actuelle ?

Je viens d’acheter les vignes de mon oncle. Cela m’a permis de réaliser un vieux rêve : regrouper l’exploitation familiale que mon grand-père avait créée dans les années 70, appelée le Domaine Canteric, jusqu’alors divisée entre mon père et mon oncle. Sentimentalement, cette réunification du domaine est très importante. De ce fait, j’ai aujourd’hui 48 hectares de vigne au total : 40 hectares d’un seul tenant à 2,5km de Talairan, et 8 hectares supplémentaires répartis en 3 îlots, juste à côté.

 

Quelle est votre politique en matière environnementale ?

J’étais déjà certifié HVE, et suis en pleine conversion bio. J’ai 16 hectares en bio depuis l’an dernier, et j’étends cela à la totalité de l’exploitation à partir du mois d’août. C’est un sacré challenge !

 

Comment se passe cette conversion ?

J’ai commencé en août 2019 seulement, donc j’ai encore peu de recul pour en parler. Je vois la différence au niveau de l’entretien du sol, mais n’ai pas encore commencé les sulfatages. En tout cas, cela demande un gros travail de préparation. On ne se lève pas un matin en se disant qu’on va faire du bio. Cela fait des années que j’y pense.

 

Avez-vous la sensation de travailler plus proprement ?

Je tiens à souligner que je n’avais pas la sensation d’être un pollueur avant de passer en bio. On était déjà HVE, comme 40% de la cave Terroirs Du Vertige. Nous avons toujours fait très attention, et opté pour une agriculture raisonnée. Les Corbières en général ont des pratiques très propres, même en agriculture conventionnelle. Des abeilles nichent dans nos souches par exemple, parce que nos vignes sont saines.

 

Le bio et les produits naturels vont quand même dans le bon sens…

Je pense qu’il y a plusieurs chemins pour aller vers l’amélioration environnementale. Le bio en est un, mais il ne faut pas s’arrêter là. Et puis il faut faire attention au terme « naturel », car les produits issus de la nature peuvent être dangereux aussi. Même en bio, l’activité pollue. Bien que les risques liés aux produits soient plus faibles, les passages de tracteur sont plus nombreux… Tous les facteurs doivent être pris en compte.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir président de la cave ?

Je dois commencer par dire que mon prédécesseur était une icône, restée à la tête de la cave pendant 43 ans. « Jojo » Fabre, illustre personnage, s’est retiré à plus de 80 ans. Le Conseil d’Administration m’a alors proposé de me présenter. J’avais seulement 29 ans, mais j’étais déjà conseiller au sein du CA depuis plusieurs années. Dès que je me suis installé, j’ai eu envie de rentrer au CA, car on ne peut pas être vigneron et ne pas s’intéresser à ce que deviennent nos raisins une fois apportés à la cave...

 

Comment êtes-vous organisé pour piloter votre exploitation en parallèle de votre fonction de président de la cave ?

Comme mon fils est trop jeune pour m’aider et que ma compagne est institutrice, j’emploie du personnel : un employé à plein temps, un saisonnier régulier qui travaille avec moi depuis 10 ans, et d’autres saisonniers durant les périodes chargées. J’ai la chance d’être entouré de salariés de confiance, d’autant plus que je dois souvent m’absenter. J’entretiens avec eux une relation qui va au-delà du domaine professionnel : nous avons une belle entente et formons une véritable équipe.

 

Quelle est l’histoire de la cave Les Terroirs du Vertige ?

Elle date des années 30. Historiquement, elle est la cave des vignerons de Talairan. Mais au fil des crises qu’ont vécu les Corbières, on a restructuré les outils coopératifs. La cave actuelle est le fruit de plusieurs fusions : Lagrasse, Villerouge, Cucugnan, Montseret, Termes, Padern, Montgaillard…

 

Le territoire est donc très étendu ?

Effectivement, nos vignes commencent aux portes des Pyrénées Orientales et descendent jusqu’à Montserret, à la limite de la plaine. Elles couvrent une trentaine de communes. Tout est vinifié à Talairan, mais nous avons 2 sites supplémentaires dits « d’apport », où les vignerons peuvent livrer leur récolte.

 

Quelle est la production de la cave ?

Nous produisons 55 000 hectolitres par an, à la fois en AOP et IGP.

 

En quoi les vins des Terroirs du Vertige se distinguent ?

Notre identité, c’est la production de Corbières et de vins d’altitude. Beaucoup de nos vignes se trouvent au-delà de 100 mètres d’altitude, certaines étant situées à 300 mètres d’altitude. D’où le nom – Terroirs du Vertige.

 

Quel est l’impact de l’altitude sur les vins de la cave ?

L’altitude confère à nos vins une vraie typicité, avec notamment beaucoup de fraîcheur. Toute notre gamme est construite autour de l’altitude et la fraîcheur. La gamme AOP Corbières (rouge, blanc, rosé) s’appelle d’ailleurs Fraîcheur.

 

Produisez-vous d’autres Corbières que ceux de la gamme Fraîcheur ?

Oui, nous avons aussi le rouge Vertiges, le rouge haut de gamme Roc de Bonelli, et enfin notre très haut de gamme Corvaria, un vin de garde très charpenté. Ce nom de Corvaria provient d’une idée fabuleuse de nos adhérents. L’origine du nom Corbières vient du terme occitan corbiera, « lieu où se rassemblent corbeaux et corneilles », lui-même issu du latin corvaria, qui signifie « nid de corbeaux ».

 

Comment avez-vous construit votre gamme de vins ?

Auparavant, en raison des fusions successives, nous avions une gamme immense. Cette nouvelle gamme, plus réduite, est assez récente. Nous l’avons construite avec les membres du bureau d’administration et notre nouveau directeur, Benjamin Andrieu, âgé de seulement 28 ans. Son premier job a été avec nous. Il a passé presque 2 ans en pré-formation, en tuilage avec l’ancien directeur. Voyant ses capacités et son envie, on lui a proposé le poste.

 

Comment vendez-vous le vin de la cave ?

D’un point de vue stratégique, nous combinons la vente directe et la vente en vrac. Mais notre stratégie pour le vrac est de faire du « cousu main » : avec nos 25 clients différents, nous travaillons à plus de 80% sur de la commande avant vendange. Car ces clients ont des demandes spécifiques au niveau de la qualité. Ce travail, commencé il y a plus de 10 ans, s’apparente à un vrai partenariat avec nos clients et permet d’aller chercher de la valeur sur du vrac.

 

Quel est le rythme des rencontres entre adhérents ?

Notre but est que les coopérateurs s’approprient l’outil que représente la cave. De ce fait, nous multiplions les rendez-vous pour entretenir le lien. Nous en organisons 4 par an, lors desquels tous les adhérents se réunissent : l’AG statutaire obligatoire suivie d’un repas, une réunion avant les vendanges, une autre en décembre pour le débrief, et enfin une dégustation collective à thème en février. Par exemple, une année, nous avons mis sur la table 3 vins différents et invité les adhérents à les commenter. Les 3 bouteilles contenaient le même raisin, mais travaillé différemment. Un exercice pédagogique, destiné à leur démontrer l’importance du travail effectué en cave. 

 

Quelle est l’ambiance entre les coopérateurs ?

Globalement, il y a une bonne entente entre adhérents. Moi, je suis leur serviteur. On se connaît depuis toujours avec certains, et on découvre les nouveaux au fil des fusions. Dans cette cave, la transparence, l’équité, le dialogue et le respect de chacun ont toujours primé. Le fameux « un homme, une voix » prend tout son sens. En 50 ans, il n’y a eu qu’un seul vote à bulletin secret. Nous avons toujours su dialoguer pour atteindre des consensus. De plus, on a la chance d’avoir beaucoup de jeunes, qui insufflent une certaine dynamique. Pendant la crise du Covid-19, nous avons tenu 2 permanences pour vendre à nos adhérents, et ce sont les adhérents qui ont tenu la permanence. Quant à moi, j’ai livré quelques épiceries. On a gardé un esprit familial, tout en s’efforçant d’être le plus professionnel possible.

 

 

Plus d’infos sur https://terroirsduvertige.com