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50 moutons qui ont toute leur place dans la vigne au château Beauregard Mirouze

Karine Mirouze, vigneronne avec son mari Nicolas Mirouze au château Beauregard-Mirouze, à côté de Bizanet, accueille sur son domaine un troupeau de 50 moutons. De précieux collaborateurs qui ont toute leur place dans la vigne !

Depuis combien de temps les brebis font-elles partie du paysage à Beauregard-Mirouze?

Nous avons eu notre première brebis il y a environ 15 ans. C’était un cadeau ! Et elle était pleine. Nous avons immédiatement accroché avec l’idée d’avoir sur le domaine une vie autre que végétale. L’intérêt principal, pour nous, résidait dans le débroussaillement autour des vignes. Alors pour favoriser l’entretien naturel du domaine et lutter contre les incendies, nous sommes passés à 10 brebis.

Et dans la vigne en elle-même, avez-vous fait le test ?

Oui, nous les avons introduites il y a 7 ou 8 ans. Dès que les vendanges sont terminées, nous leur ouvrons l’accès aux parcelles. Elles y pâturent avec plaisir, car à cette époque on observe un enherbement spontané.

Aujourd’hui, vous avez un troupeau assez important…

Effectivement depuis un an, notre projet a pris une autre envergure. Les quelques brebis nous appartenant ont été rejointes par un troupeau de 50 moutons que nous accueillons sur le domaine.

D’où vous est venue cette idée d’accueillir un troupeau extérieur ?

Les moutons appartiennent à Pedro, qui est employé chez nous à temps plein, et s’occupait jusqu’alors de son troupeau de moutons en parallèle, le soir et le week-end. N’ayant pas de terres, il rencontrait des problèmes pour nourrir ses bêtes, et devait sans cesse les déplacer au gré de ses arrangements avec divers interlocuteurs. De notre côté, nous avions envie de développer la présence animale sur le domaine, alors pourquoi ne pas nous associer ? Nous avons proposé à Pedro d’accueillir ses moutons, et il a accepté !

Pourquoi tenez-vous tant à la présence des moutons ?

Il y a une raison technique qui répond à une envie de faire profiter nos sols de leurs déjections et d’éviter des passages de tracteurs dans les vignes. Mais il y a autre chose… Les animaux apportent une ambiance très particulière qui rompt la solitude dans le vignoble. Pour nous, la vigne est une plante qui exprime tout son environnement, dans ses raisins et donc aussi dans nos vins. Ce qui rend un vin singulier ne se limite donc pas à la nature du sol ou aux choix du vinificateur. L’ambiance générale est aussi très importante ! Les brebis que nous introduisons dans les vignes diffusent leur énergie toute animale. En parcourant progressivement nos différentes parcelles, elles sont aussi un vecteur de communication entre nos ceps de vigne.

Depuis quand travaillez-vous en bio ?

Nous sommes certifiés Bio depuis 2010, et en biodynamie depuis 2019. En remontant aux origines de la biodynamie, on rencontre une notion de polyculture élevage et de biodiversité. Or nous avons la chance, ici au domaine Beauregard-Mirouze, d’avoir l’exploitation qui s’y prête : 23 hectares de vigne, 350 hectares de garrigue et une quinzaine d’hectares de champs. Nous avons la possibilité de pouvoir amener l’animal, et surtout de faire en sorte qu’il y soit bien !

3 questions à Arnaud Dufils, ingénieur à l’INRA d’Avignon, unité éco-développement. Le 17 décembre, il animait à Bizanet une conférence sur l’introduction des animaux dans la vigne, précédant une visite au château Beauregard-Mirouze.

  • Qu’étudiez-vous à l’INRA d’Avignon ?

Je travaille sur les pratiques agricoles, et plus précisément sur la manière de les « écologiser ». Le fait d’introduire des élevages dans les cultures pérennes est un moyen de faire changer non seulement les pratiques, mais aussi le regard des exploitants sur la conduite des cultures, en substituant le passage des animaux à certains intrants.

  • Quels sont les avantages de l’introduction des animaux dans la vigne ?

L’avantage principal est l’aide à la gestion de l’enherbement. A ce niveau, la présence animale constitue une économie pour le viticulteur dans la mesure où elle réduit le nombre de passages du tracteur et de limiter le recours aux herbicides. De plus, les animaux permettent un complément d’apport de fumure : quand ils restituent dans la parcelle ce qu’ils ont consommé, ils stimulent par leurs déjections la vie microbiologique des sols.

  • Et quels sont les désavantages ?

Premièrement, la présence des animaux implique certaines contraintes supplémentaires dans la vie du viticulteur. Il doit aussi s’assurer que les brebis aient suffisamment d’accès aux ressources en herbe pour ne pas générer de dégâts sur les vignes.